Fastes de l’Autriche impériale

Mozart - Le Nozze di Figaro
De plus en plus, je crois que jamais je ne me lasserai de visiter le monde. Je le pense souvent mais face au temps qui passe, cette pensée est une évidence. Après cette escapade de plusieurs jours en Andalousie, j’ai mis le cap à l’Est. À la découverte de deux nouvelles capitales : Vienne et Bratislava. À peine rentré, je dois bien avouer que j’ai été énormément surpris par la beauté et la richesse architecturale de Vienne. Le centre-ville y est magnifique, ponctué de bâtiments superbement entretenus et rénovés, qui rappellent le temps, pas si lointain, où l’Empire d’Autriche-Hongrie étendait ses frontières de Trieste à Cracovie ou encore de Prague à Sarajevo. C’est précisément ce passé historique époustouflant qui impose Vienne comme une ville où la culture rivalise avec celles des très grandes capitales européennes comme Paris ou Londres. Tu pourras donc facilement suivre les traces encore visibles du passage de nombreux compositeurs classiques tels que Mozart et Beethoven – dont j’ai visité les appartements – mais aussi Haydn, Gluck, Liszt, Brahms ou encore Strauss. Fruit du hasard et du calendrier, l’opéra de Vienne, plus connu sous le nom de Wiener Staatsoper, programmait l’une des plus belles œuvres de Mozart lors de ma première soirée dans la capitale autrichienne. Il était inconcevable pour moi de partir de Vienne sans avoir réussi à assister à une représentation du génie autrichien de la musique classique. Quelques heures plus tard, j’avais réussi à me procurer une place dans le parterre pour assister aux Noces de Figaro. La magie opéra. Dès l’ouverture en ré majeur, je me suis surpris à frissonner. Entendre cet air, si souvent joué, de mes propres oreilles, dans l’une des plus belles salles de la planète, m’a rappelé le moment où j’avais assisté à La Traviata de Verdi au Metropolitan Opera de New York. Ce genre d’instants rares où seul le moment présent compte véritablement. Pendant près de trois heures, le temps m’a semblé suspendu, face à l’enchaînement merveilleux des tableaux. C’était sans imaginer les frissons que j’allais encore éprouver lors de l’aria de Cherubino dans l’acte II : Voi que sapete che cosa e amor. Cette première soirée a été tout simplement extraordinaire et m’a plongé directement dans l’opulence culturelle qu’offre Vienne à tout visiteur qui sait se laisser séduire par ses charmes.

Palais de Schönbrunn - Vienne, Autriche
Les jours suivants ont été l’occasion de continuer cette découverte de la capitale. Je me suis plu à parcourir les traces de Marie-Thérèse d’Autriche ou encore d’Élisabeth 1ère, plus connue sous le nom de Sissi. Depuis les jardins où se mélangeaient les effluves entêtantes de roses, de tilleuls en fleurs et de glycine, en passant par le zoo du Palais d’été de Schönbrunn jusqu’au dédale des pièces de la résidence d’hiver de la Hofburg, j’ai pu mesurer le passé extrêmement somptueux de l’Autriche, qui n’a rien à envier au passé des Lumières ou du Second Empire français. En poussant les portes du Trésor Impérial de Vienne, tu pourras aussi retrouver un dédale luxueux de salles où sont notamment conservées la couronne du Saint-Empire romain germanique ainsi que la couronne impériale d’Autriche. Ici, tout n’est qu’or, émeraudes, perles et rubis. Par ailleurs, les collections du Kunsthistorisches Museum sont incroyables et jamais je n’aurais pensé retrouver dans un seul musée, en Autriche, autant d’œuvres de Brueghel, de Van Dyck, de Vélazquez ou encore de Cranach ou de Canaletto, perdues au milieu de collections d’antiquités grecques, égyptiennes et romaines toutes aussi impressionnantes. Jusqu’à il y a peu encore, jamais un musée autre que le Louvre à Paris ne m’avait étonné par l’abondance et la qualité de ses collections. Ce temps est désormais révolu. C’était sans compter sur l’émotion indescriptible que j’ai éprouvé lors de la visite du palais du Belvédère. Lui aussi présente une collection à faire pâlir les plus grands musées de la planète, notamment l’un des tableaux de David avec Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard. Je suis tombé d’encore plus haut en arrivant dans la salle qui présente une dizaine d’œuvres de Gustav Klimt. Le Baiser m’a fait éprouver encore plus de frissons que ma soirée à l’Opéra de Vienne. Pour la première fois, j’avoue avoir été submergé par la beauté qui se dégageait d’un tableau, au point d’en avoir les yeux humides et de verser une larme, sous les yeux médusés du gardien qui ne comprenait pas vraiment ma réaction. Il est absolument impossible de décrire par les mots l’utilisation que le peintre a fait des paillettes et de l’or dans son travail, tout comme l’actuelle mise en lumière, qui rendent ce tableau absolument unique. À l’autre bout de la salle, Judith, certes de taille plus modeste, accentue encore plus le talent de l’artiste, très décrié à son époque, que l’on qualifie de provocation au libertinage et d’atteinte aux bonnes mœurs. L’Histoire en décida heureusement autrement.

Château de Bratislava - SlovaquieC’est aussi Klimt que tu peux retrouver une nouvelle fois dans le Palais de la Sécession avec sa frise Beethoven. Klimt toujours au Museum für angewandte Kunst avec sa frise prévue au départ pour orner la salle à manger du Palais Stoclet à Bruxelles. Klimt toujours, avec La Vie et la Mort installée au sein du Leopold Museum où un étage complet est également dédié à l’artiste Schiele. Si l’Art et les musées ne sont pas forcément ton truc, tu peux très bien aller explorer les rives du Danube du côté du Prater de Vienne. Cet espace regroupe un grand parc dans lequel se tient une fête foraine permanente. La parallèle avec Tivoli à Copenhague est facilement réalisable mais le Prater offre un nombre plus important d’attractions à sensation. Ici, tu peux grimper au sommet de la plus grande roue d’Europe, laquelle t’offre une vue imprenable sur toute la capitale autrichienne. N’oublie pas non plus d’expérimenter l’un des nombreux cafés viennois tels que le Café Central ou le Café Landtmann, dont les pâtisseries nommées Himbeer Harmonie, Vanille Cremeschnitte ou encore SommerKuss rivalisent avec leurs homologues parisiennes. Il est nécessaire de prendre des forces pour passer les frontières car une petite surprise nommée Bratislava se trouve à seulement 60 kilomètres de Vienne. Le trajet peut se faire en bus, en train et même en bateau en remontant les rives du Danube. Même si l’on est bien loin des fastes de la capitale autrichienne, la capitale slovaque est agréable pour y passer une journée à moindre coût. Elle offre à son visiteur quelques attractions intéressantes notamment son château, perché sur les hauteurs de la ville, l’église bleue de Sainte-Elizabeth ainsi qu’un centre-ville piétonnier qui a su garder les charmes d’une cité médiévale. Il va de soi que mon périple en Autriche et en Slovaquie a été extrêmement réussi, grâce à une météo estivale et des températures – trop ? – élevées, avec en moyenne 33 à 36°C tous les jours. Le seul petit bémol à apporter à mes découvertes en Europe centrale a été mon ignorance de la langue allemande car la plupart des informations des musées étaient écrites dans la langue de Goethe. Néanmoins, il est toujours possible de communiquer facilement en anglais, quelques rares fois en français, avec les personnes que j’ai pu rencontrer, notamment grâce à mon hébergement Airbnb dans le 7ème arrondissement de Vienne. Je t’entends dire qu’il ne s’agit finalement que d’un voyage de plus à mon actif certes, mais celui-ci m’a procuré des sensations et un émerveillement que je n’imaginais pas. À mon plus grand plaisir.

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