
Après un peu plus de trois heures de vol, l’avion se pose à Marrakech sous un soleil de plomb. Ce fut une semaine extraordinaire en bien des points. Je me suis laissé porter par le temps, en voyage dans un autre univers, emmené dans une autre civilisation. À la base, je n’avais pas prévu de voir autre chose que Marrakech mais j’ai profité de ce voyage pour aller faire un tour du côté de l’océan Atlantique dans la cité balnéaire d’Essaouira. Puis à l’opposé, direction à l’Est, pour fouler le désert bien au-delà du ksar d’Aït Ben Haddou et de la ville de Ouarzazate tout en observant au loin la neige des montagnes de l’Atlas. Pour ressentir la brûlure du sable et du soleil du Sahara après avoir ressenti le froid et la glace du cercle Arctique il y a déjà dix ans. Mais j’ai aussi souhaité profiter de ce nouveau voyage pour être transporté par la beauté et la diversité des paysages, pour être abasourdi par la richesse de l’architecture des bâtiments tels que le palais de Bahia ou le musée Dar Si Saïd, remplis de zelliges, de marbre et de stucs richement détaillés. Des lieux enchanteurs où la gestion extraordinaire des ressources hydriques permet de profiter de la fraîcheur des jardins orientaux aux effluves de jasmins, d’orangers, de citronniers ou encore d’hibiscus depuis des siècles. Qui plus est, j’ai aussi été profondément ému par la chaleur et la générosité des habitants. Rien ne fut plus dépaysant que de contempler la palette de couleurs des marchés aux épices, de parcourir les souks de Marrakech jusqu’à en perdre le sens de l’orientation, de négocier à n’en plus finir chaque achat avec le sourire tout en savourant les odeurs de viande grillée combinée à celles du cuir et de l’encens. Sans oublier de frissonner à l’appel du muezzin et lors des prières de Chabbat, d’entendre la flûte des charmeurs de serpent combinée à l’effervescence des vendeurs et des tambours de la place Jemaa el-Fna, de tester le hammam traditionnel avec gommage à l’argile verte, au savon noir et massage à l’huile d’argan et à l’extrait de rose, de manger des choses extraordinaires aux saveurs d’amande, de cannelle, de miel, de sucre et tant d’autres choses. Tu t’en doutes en lisant ces lignes, j’ai eu une nouvelle fois la confirmation que la Terre est véritablement belle. Visite-la. Enrichis-toi de cette beauté. Voyage. C’est le message que j’aimerais adresser indirectement à tous ces gens qui critiquent et blâment en permanence le monde musulman sans le connaître.
Même si j’ai été quelque peu déçu de ne pas pouvoir rentrer dans une mosquée lors de mes pérégrinations à Marrakech, j’ai souhaité visiter la synagogue qui est assez difficile à trouver, au cœur du Mellah, quartier assez pauvre de la Ville Rouge. Je m’y suis rendu un jour de Chabbat et ai pu visiter le lieu sous réserve d’assister à l’intégralité de la prière. Situation cocasse bien malgré moi, de me retrouver avec une kippa sur la tête au cœur du monde musulman alors que je n’avais jamais franchi les portes d’une synagogue de ma vie. Enfin, pour continuer sur une note tout aussi humoristique, il y a bien sûr eu au cours de cette semaine des situations cocasses qui m’ont porté à sourire voire à rire complètement. Notamment un Touareg qui voulait échanger ma paire de baskets toutes neuves contre ses babouches, tout en m’expliquant que mes chaussures n’étaient pas adaptées pour le désert et que c’était une affaire en or pour moi. Ou encore ce jeune garçon de Marrakech qui voulait me racheter mon jean pour 100 dirhams car il n’en trouvait apparemment pas au Maroc. Pour finir, un point sur la sécurité au Maroc étant donné que mes parents m’avaient fait part de leur inquiétude relative. Je te réponds qu’à aucun moment je ne me suis senti en insécurité malgré le fait que je voyageais seul. Je m’y suis senti beaucoup plus en sécurité qu’en Amérique centrale. Il reste néanmoins certaines mesures de bon sens à adopter comme n’importe où, à savoir de ne pas se promener le soir dans les ruelles mal éclairées et peu fréquentées de la médina, avec des objets de valeur ou beaucoup d’argent en liquide sur soi. Éviter d’ouvrir ostensiblement un porte-feuille bien garni ou d’exhiber une liasse de billets à la vue de tout le monde même si la police, la gendarmerie royale, les forces auxiliaires et même les habitants veillent de près à la sécurité des touristes car leurs devises sont précieuses pour le développement du pays. De nombreux postes de contrôle sont également opérationnels le long des routes du pays. Tout est donc fait pour que le touriste puisse visiter relativement paisiblement cette partie magnifique de l’Afrique.