Jusqu’à la dernière goutte

Supporters anglais qui boivent de la bièreEn ces temps de Coupe d’Europe de football, les supporters de multiples pays ont débarqué dans la capitale française et des grandes villes de province. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les rues de Paris fleurent bon les effluves de bières, de transpiration et d’alcool. Heureusement qu’il ne fait pas encore trop chaud car les effluves d’aisselles s’en donneraient encore plus à cœur joie. Oui, le football c’est un sport de « vrais bonhommes » qui sentent l’homme comme dirait Christine Boutin. Et qui boivent, comme des hommes. Bref, comme lors de la Fête de la musique ou de tout rassemblement populaire, les bouteilles en verre, les packs en carton et autres gobelets en plastique finissent par joncher les trottoirs et les caniveaux de certains arrondissements. Même si les services de la propreté de la Mairie de Paris font un travail remarquable, la récente Gay Pride me l’a aussi confirmé une fois de plus. Au fur et à mesure que les heures s’écoulent, certaines rues et portes cochères de Paris deviennent des urinoirs à ciel ouvert dont l’odeur d’ammoniac irrite fortement mes narines – et certainement les tiennes. C’est sans compter sur le spectacle qui s’offre au passant, au touriste japonais et à la petite mamie du quartier. Un jeune homme, braguette ouverte, kékette à la main, qui soulage sa vessie contre un arbre ou pire, sans aucun scrupule, en pleine avenue, au beau milieu de la circulation automobile. Plus rare, il est aussi possible de croiser une jeune femme, accroupie entre deux voitures, qui tente tant bien que mal de faire sa petite affaire le plus discrètement possible. Alors que Napoléon III et le baron Haussmann avaient modernisé Paris à la fin du XIXème siècle pour notamment – mais pas seulement – lui éviter les épidémies et l’assainir, il faut bien reconnaître qu’au XXIème siècle, Paris est une pissotière à ciel ouvert. Les couloirs du métro et du RER. Les tunnels piétons des quais de Seine. Les impasses et ruelles sombres. Les bosquets des jardins publics. Paris sent la pisse. Heureusement, cet été est moins caniculaire que l’année passée. Néanmoins, dans aucune autre grande ville du monde où je suis allé, je n’ai autant croisé cette odeur si particulière. A croire que les Parisiens ont une fâcheuse tendance à oublier l’existence des toilettes publiques et ont un besoin cruel de se refaire une éducation. Les petits oiseaux de ces messieurs français auraient-ils tout simplement plus souvent envie de prendre l’air qu’ailleurs ?

Gay men pissing at urinals

Comme aux urinoirs, il faut bien avouer que certains prennent également un malin plaisir à sortir leur gros paquet à la vue des autres, histoire d’en mettre plein la vue – et les naseaux de ceux qui passeront par là le lendemain. On ne sait jamais, des fois qu’un intéressé passe par là. Eh oui, l’urine fascine. Au point qu’on la voit de plus en plus souvent dans les vidéos des sites pornographiques. On la retrouve aussi dans les textes des annonces de sites et applications de rencontres. Une tranche de la population gay l’a d’ailleurs parfaitement intégrée à ses pratiques sexuelles. J’avoue m’être posé la question de cet attrait de plus en plus prononcé pour la chose. Étonnamment, j’en suis arrivé à penser que là où le sperme est un liquide hautement à risque d’un point de vue bactériologique et clinique, l’urine est supposée être stérile chez tout individu en bonne santé. Jouer avec l’urine serait donc nettement moins à risque. Néanmoins, tout dépend ce que tu en fais. Tu peux te contenter d’une « douche dorée », l’une des pratiques les plus « gentilles » et les plus safe. Le reste l’est un peu moins. Se retrouver à genoux face au sexe d’un homme et en avaler le fluide jaune qui jaillit – de manière plus ou moins consentie – excite visiblement les appétits d’un public en manque de sensations fortes. Reste qu’un tabou existe véritablement sur cette pratique. Autant il est facile de parler de fellation, de sexe anal ou même d’éjaculation faciale entre potes, autant l’uro dérange malgré sa popularité croissante et évidente sur Internet. C’est normal. Rappelle-toi donc un peu quand tu étais petit. Ta maman et ton papa te l’ont répété maintes fois, le pipi c’est caca boudin ! C’est sale, un point c’est tout ! C’est sans aucun doute ce franchissement des interdits de l’enfance, ce côté crade et donc la soumission extrême de la pratique qui pourrait expliquer son succès relatif parmi une frange de la population gay masculine. Tel le mâle animal qui marque son territoire, l’homme inonde généreusement l’autre pour mieux le rabaisser. Tout un programme ! Il est d’ailleurs facile de trouver des soirées watersports dans certains endroits obscurs de la capitale. Il va évidemment de soi que ces « sports » ne sont pas en rapport avec la natation synchronisée ou le water-polo.

Man being pissed at his face and mouth
Si un jour, tu as fait l’expérience des toilettes publiques en France, et plus particulièrement à Paris, tu n’as donc pas besoin de mettre les pieds dans ces établissements. Tu vois très bien de quoi je parle. C’est absolument incroyable de voir dans quel état sont certains lieux d’aisance à Paris. Par exemple, les toilettes du musée du Louvre sont dans un état absolument déplorable et j’ai toujours été impressionné par l’image que cela offrait aux touristes du monde entier. Même chose dans les toilettes principales d’une grande chaîne de cinéma ayant pignon sur rue à Bercy Village. C’est aussi un spectacle peu ragoûtant dans bon nombre de bars et j’en viens parfois à me demander combien d’urines différentes tapissent le sol et les murs des toilettes pour hommes. J’en arrive aussi à essayer de concevoir comment font certains mecs pour dégueulasser autant les lieux. Hélas, mon imagination ne semble pas si fertile et ce problème cartésien finit par m’échapper. En effet, mieux vaut ne pas trop y penser et soulager sa vessie tant bien que mal en touchant le moins de centimètres carrés des poignées et robinets de ce genre de lieux. Arrive la phrase phare de la soirée : Eh merde, j’ai encore oublié mon gel hydroalcoolique pour les mains ! Quand j’habitais en Belgique, j’avais appris qu’on disait aller « à la toilette » et non pas « aux toilettes » comme en France. Cette différence de langage à l’intérieur même de la Francophonie montre bien la réputation des toilettes françaises en dehors de nos frontières. Il faut effectivement parfois ouvrir plusieurs portes avant de choisir la moins pire. Ah que l’état irréprochable des toilettes publiques du métro coréen me semble bien lointain ! Reste la solution la plus pratique mais la moins hygiénique : l’urinoir. Pour ma part, il a toujours été difficile de faire ma petite affaire entouré d’autres mecs. S’il n’y a personne, tout se passe bien. Si par malheur, un garçon arrive à côté de moi ou s’il y a du bruit autour de moi, c’est le blocage total. Sans compter sur le côté pas très propre de la chose qui consiste à se secouer la bistouquette le plus possible pour qu’il en reste le moins possible et que le boxer/caleçon/slip – je te laisse choisir selon tes préférences – en récolte le moins les dernières gouttes. Oui, je crois que tu l’auras compris, je ne suis pas du tout adepte de l’ondinisme, aussi minimal soit-il. D’ailleurs, ça fait tout de suite plus classe et plus littéraire de sortir ce mot. Sans doute mon côté pseudo-intellectuel de pédé parisien.

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