Derrière ces trois mots se cache une étiquette que de plus en plus de Français semblent traquer. J’en fais partie. Je ne compte plus les innombrables tee-shirts ou chaussettes achetés à bas prix, fabriqués en Chine ou au Bangladesh et qui ont perdu leur forme et leurs couleurs au bout de trois ou quatre lavages. J’ai bien essayé de monter en gamme, mais honnêtement comment justifier que des vêtements fabriqués dans des pays lointains, tant géographiquement que socialement, puissent être vendus parfois plusieurs centaines d’euros, tout ça sur le dos d’ouvriers surexploités ? Sans compter qu’au bout d’un an, je pouvais tout simplement m’en servir comme chiffon ou les donner au recyclage tellement leur qualité était médiocre. Inutile de préciser que ces productions se font effectivement dans des pays où les acquis salariaux sont bien moindres et les contrôles environnementaux souvent inexistants. Certes, j’étais un peu réticent à l’idée de mettre huit ou neuf euros dans une seule paire de chaussettes fabriquée en France quand j’aurais pu en acheter dix chez H&M pour le même prix. Au final, je n’ai plus racheté de chaussettes depuis deux ans tellement la qualité est au rendez-vous. Même chose du côté des sous-vêtements. A bien y réfléchir, pour moi, acheter français ce n’est pas être nationaliste, à avoir le dégoût des autres et de l’étranger, mais une façon d’être patriote. Oui, les produits français sont de qualité. Oui, ils sont à l’image de notre terroir, riches, diversifiés, des symboles d’années, de décennies parfois de siècles de tradition, d’innovation et de savoir-faire. C’est aussi sans doute une marque d’estime à nos capacités en tant que Nation et que Peuple. Une preuve de soutien à l’emploi industriel qui en a bien besoin. Néanmoins, je n’appelle pas à un boycott de tous les produits étrangers, rassure-toi. Loin de moi aussi l’image de Colbert et ses formidables réussites dans le domaine du mercantilisme. Mais pourquoi devrions-nous toujours importer ce que nous sommes capables de produire à des coûts raisonnables en France ?
N’oublie pas qu’en chaque Français réside en même temps un producteur et un consommateur. Tu ne peux pas vouloir faire attention à ton compte en banque, à rechercher coûte que coûte le prix le plus bas et en même temps t’émouvoir de la hausse du chômage, que tes amis ou tes enfants récemment diplômés peinent à trouver du boulot, de la fermeture des usines ou des entreprises à côté de chez toi, de la volonté des politiques à rogner toujours plus notre modèle social qui alourdit soi-disant les charges des entreprises et le coût du travail ou encore de la misère financière dans laquelle nos agriculteurs sont plongés. Le consommateur français semble avoir oublié que son outil de vote économique le plus précieux est bel et bien sa carte Visa au quotidien plutôt que sa carte électorale, qui traîne au fond d’un porte-feuille ou d’un tiroir et qui ne sert qu’une fois tous les cinq ou six ans. Lorsque tu fais tes achats au quotidien, tu peux décider d’acheter des tomates françaises plutôt que des tomates marocaines, un boxer français plutôt qu’un boxer vietnamien et même décider de payer un peu plus cher ton billet d’avion en privilégiant notre compagnie nationale plutôt que des compagnies à bas coût, basées dans des pays où la couverture sociale est réduite à son minimum. Eh oui, quatre chiffres secrets sur un clavier peuvent servir plus que tu ne le penses. Dans le même domaine, je retrouve un parallèle à cette démarche quand il s’agit d’essayer d’assurer un revenu plus juste aux agriculteurs des pays en voie de développement. Lors de mon récent voyage au Guatemala et au Honduras, j’ai pu constater par moi-même les effets bénéfiques du commerce équitable sur des plantations de banane, de café ou même de canne à sucre. Nos achats leur permettent d’investir dans des moyens de production plus modernes, d’envoyer leurs enfants à l’école, d’améliorer la condition féminine et même parfois de créer leur petite entreprise et de développer l’emploi local.
Peut-être ne te sens-tu par concerné par les fermetures d’usines qui abondent dans les journaux télévisés et dans la presse. Et pourtant, rien ne rend un travailleur plus fier que la réussite de son entreprise mais aussi sa participation à l’élaboration et à la fabrication de produits de qualité. Alors oui, personnellement j’ai envie d’apporter ma pierre à l’édifice et reste persuadé que chacun peut faire en sorte que l’emploi industriel se porte mieux en France. Pour voir des sourires sur les visages des ouvrières qui confectionnent mes sous-vêtements et une partie de mes vêtements. Pour ressentir la fierté d’un agriculteur qui vend ses fruits et légumes issus de l’agriculture biologique sur le marché, sans être racketté par la grande distribution et qui résiste à la concurrence déloyale discount venue d’Espagne ou du Maroc. Pour applaudir quand des dirigeants d’entreprise réalisent enfin que la relocalisation de la production en France est indispensable face à la hausse des prix de la main-d’œuvre en Asie mais également à l’envolée des cours de l’énergie, aux besoins dantesques en logistique et à la gestion de coûteux stocks. Enfin, pour sourire bêtement quand je me rends compte que Saint-Michel a réussi à exporter les madeleines de Commercy jusqu’à New York ou que je retrouve du papier Canson et des tubes de peinture Lefranc & Bourgeois jusqu’en Corée du Sud. Ce ne sont que quelques unes des belles réussites bel et bien fabriquées sur notre territoire et dont on devrait parler plus souvent. Il y a effectivement une France qui réussit, qui innove et qui sait tirer une force unique de notre très haut taux de productivité horaire. Une France qui a misé sur la recherche et le développement mais aussi sur le numérique et les nouveaux canaux de publicité tels que les réseaux sociaux pour conquérir son public. Au final, une France heureuse d’apposer son bleu, son blanc et son rouge sur des succès « bien de chez nous ».