J’ai réalisé récemment à l’occasion d’un coup de neuf sur ce site que dix ans s’étaient écoulés depuis ce jour où j’ai eu envie de prendre la plume de manière virtuelle. Cependant, je ne me rappelle absolument pas ce qui avait motivé mon geste à cette époque. L’occasion aussi de faire un bilan sur une décennie de vie – à croire que je vais bientôt devenir « vieux » – et de revenir sur les joies et tourments d’une belle dizaine d’années qui s’achèvera l’année prochaine. Tout d’abord, je me revois à la sortie de ce lycée en briques à Reims. Un bâtiment pas vraiment sexy, le long des voies ferrées, pas vraiment en centre-ville mais pas non plus dans un quartier difficile. Je revois l’adolescent un peu paumé, mal dans son corps, mal dans sa peau, gauche dans sa démarche et ses vêtements et ne sachant pas quoi faire de sa vie. Schéma classique me diras-tu. Les années passant, j’ai pu aussi faire mes expériences, de voyages, d’amour, d’études. Apprendre la vie finalement entre bonheur et larmes. Pour essayer de pouvoir éprouver ce divin plaisir qui permet de surmonter ses peurs et ses appréhensions, de réussir à décrocher une licence puis enfin un master, qui plus est avec mention Bien. L’occasion de prendre une certaine revanche sur tous ceux qui n’y croyaient pas, sur les multiples candidatures refusées, sur les professeurs bien trop imbus d’eux-mêmes pour laisser une chance à un garçon de devenir homme. Aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle décennie, apparaît une grande envie de dire à bon nombre de plus jeunes : n’aie pas peur d’oser, de faire des erreurs, de tâtonner, de partir à l’inconnu, à l’étranger, de prendre le temps de te poser les bonnes questions. Persiste, aie le courage, persévère. A bientôt 29 ans, j’avoue que je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie. C’est exactement ça qui la rend passionnante à mes yeux et déconcerte visiblement pas mal de monde.
L’une des plus grandes fiertés de cette décennie est celle d’avoir développé un mordant exceptionnel pour la découverte du monde. A l’aube de mes 20 ans, jamais je n’aurais cru celui ou celle qui m’aurait dit que je foulerai les trottoirs de New York, les cours des palais impériaux de Séoul, la place Saint-Marc à Venise, l’Acropole d’Athènes, les plages de Miami ou encore que j’irai me perdre dans la jungle maya au Guatemala. Cette soif insatiable de rencontrer l’étranger, d’échanger avec des peuples aux origines différentes, de voir notre Terre telle qu’elle est, belle et fragile à la fois ; mais surtout conforme à des valeurs universelles que je partage. Grâce à ces nombreux voyages, j’ai dû changer au moins 20 fois la forme de ma pensée, le but de ma vie et j’ai appris une notion qui fait cruellement défaut de nos jours, surtout en France : la tolérance. Je ne reconnais pas cette société qui se déchire sur le mariage gay là où je ne vois qu’amour, ni cette forme de croisade moderne, organisée par la droite et l’extrême-droite française contre l’Islam, là où je ne vois que richesse. Plus récemment encore, je n’admets pas la possible remise en question des subventions du planning familial là où je ne vois que de l’aide à des personnes en difficulté. Pour revenir aux voyages, il me reste juste tellement d’endroits à découvrir notamment en Amérique avec la vallée du Saint-Laurent et les villes francophones de Québec et Montréal. Sans oublier de faire un détour par l’université d’Harvard à Boston, de partir sur les traces de la Révolution américaine à Philadelphie et de m’extasier devant les mémoriaux de Jefferson et Lincoln à Washington. Rythmer au son du blues de la Nouvelle-Orléans en Louisiane, traverser le Golden Gate en Californie, affronter la nature aride du Grand Canyon et jouer au casino à Las Vegas. Du côté de l’Asie, la découverte de la Corée du Sud m’a donné envie de m’aventurer au Japon, de me confronter à la société des castes en Inde mais aussi de découvrir le paradis terrestre que semble être la Thaïlande. Et pour finir, plus proches de nous, le Maroc, l’Égypte ou encore les villes de Berlin, Rome et Istanbul. De mon point de vue, le voyage est un retour vers l’essentiel qui permet de t’explorer toi-même, d’agir et de réagir avec le monde qui t’entoure. Le seul bémol de ces années écoulées demeure que ces voyages n’aient presque jamais été partagés en compagnie de l’amour.
Profitant des nombreux après-midi ensoleillés de l’été dernier sur les quais de la Seine, je me suis demandé pourquoi l’amour était ce grand absent dans ma vie et de cette décennie. Bien sûr, je n’en oublie pas, contrairement à auparavant, qu’il y a des amis chers et une famille capables de m’aimer et d’en apporter des preuves quotidiennement. Qu’en est-il de l’amour d’un homme ? Il y eut bien une belle histoire belge qui m’a emmené à Bruxelles et qui s’est totalement mal terminée – dans la tromperie, les larmes et l’incompréhension. Depuis, seuls quelques garçons que je peux compter sur les doigts d’une seule main ont fait battre un cœur trop fragile. Je donne apparemment l’image d’un garçon facile. Alors qu’en plus de deux ans que j’habite à Paris, un seul homme a passé la nuit dans mon lit. Lira-t-il jamais ces lignes ? Peu importe. J’ai longtemps cru qu’il fallait cacher ses blessures et ses faiblesses pour être aimé. Il me semble que j’ai eu tort. Redécouvrir la délicate sensation des pleurs sur mes joues en devient presque agréable. Face à l’actualité récente notamment, qui a atteint en plein cœur des valeurs qui me sont chères. N’est pas non plus aisé de savoir ce que l’on peut accepter et ce que l’on ne doit pas accepter dans une relation même si l’on finit par connaître précisément les schémas et les erreurs du passé que l’on ne veut pas reproduire. Notamment l’attrait pour la chair facile, les pervers narcissiques qui viennent, partent, reviennent et vous font culpabiliser. Il faut du temps pour apprendre à découvrir ce subtil mélange qui consiste à autoriser et à refuser. À ne pas reproduire ces maladresses énormes qui ont fait fuir ou tout simplement désintéressé les rares avec qui j’aurais aimé passer plus de temps. Pouvoir les découvrir, rire, sourire, pleurer, partager les bons et mauvais côtés de la vie, ensemble. Demeure cette impression que plus les années passent, plus il est difficile de faire confiance et de ressentir une attraction véritable pour quelqu’un.
Tu as tous les éléments pour être heureux avec un garçon, le recul, la réflexion sur sa propre vie, la curiosité et sûrement une capacité à se remettre en question. Pas simple de trouver celui qui nous fera vibrer comme un crystal, la résonance non destructrice mais constructive. Trouver cet autre qui aurait fait le même chemin intérieur que toi. Dans la vie, on fait heureusement des erreurs qui peuvent initialement être pénible mais avec le temps, elles nous construisent. La vie est pour moi un équilibre perpétuel, il faut trouver toujours cet équilibre malgré les hauts et les bas. A 29 ans, tu es encore jeune heureusement, tout se joue dans la tête, j’ai 41 ans et je n’arrive pas à croire à mon âge. Il existe aussi des jeunes avec une mentalité de vieux. Je sais que pour le milieu 41 ans=vieux mais je m’en fous éperdument. Je ne suis pas mouton ce qui ne veut pas dire que je recherche de la chair fraiche.
Fuis le pervers narcissique ou amuse-toi avec, une totale absence d’affection, d’amour propre , j’en ai été aussi victime, ce sont des êtres malheureux mais je n’excuse pas leurs actes méprisables. Ils sont destructeurs et ils jouissent quand ils font mal à l’autre, il faut être imperméable mais au début, on ne voit pas le jeu s’installer.
Aimer, ce n’est pas une bataille d’ego, de névroses mais une construction positive sur des bases saines où chacun connait ses forces, ses faiblesses et apporte un soutien à l’autre dans les moments difficiles et réciproquement. Il faut être soi et non dans le calcul. Ce n’est pas aussi vivre 24h/24h ensemble tel un couple fusionnel.
Tu as absolument raison de voyager, ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse. C’est un regret chez moi, j’ai très peu voyagé hors de France.