Surfant sur la mode du « gratuit« , à savoir les journaux gratuits, les produits gratuits et bien d’autres encore, le gouvernement français a récemment décidé de rendre gratuit l’accès aux collections permanentes des principaux musées nationaux, du moins pour les personnes âgées de moins de 26 ans et originaires de l’Union Européenne. La mesure, honorable certes, me laisse quelque peu dubitatif sur le manque à gagner pour l’entretien, le fonctionnement, les restaurations et bien entendu les nouvelles acquisitions des musées français. Tout d’abord, je trouve quelque peu anormal d’accorder cette gratuité à des jeunes dont les parents ne s’acquittent pas de leurs impôts en France. Dans une toute autre optique, bon nombre de pays pratiquent la gratuité pour les jeunes, voire toutes les personnes possédant la nationalité du pays en question, mais font contribuer plus fortement les touristes à l’effort de préservation et d’enrichissement des principaux lieux culturels. Les musées russes, dont le célèbre Ermitage à Saint-Pétersbourg, sont totalement gratuits pour les ressortissants russes alors que les touristes étrangers participent plus fortement, notamment par un billet d’entrée vendu autour de 12 euros, ce qui est extrêmement cher par rapport au niveau de vie moyen russe. Pourquoi n’avoir pas proposé un tarif gratuit pour les Français, un tarif préférentiel pour les jeunes européens et un tarif beaucoup plus élevés pour la masse de touristes américains, chinois, et japonais qui envahissent quotidiennement les différentes salles du Louvre ?
Tu l’as compris, « offrir » la culture aux étudiants et aux jeunes salariés part d’un bon principe mais je trouve qu’il aurait été plus adapté de proposer la visite moyennant un euro symbolique plutôt que de la rendre totalement gratuite. Ironiquement, le ticket du musée d’Orsay nous informe toujours que le prix de notre visite contribue à l’enrichissement des collections du musée. Cependant, la situation financière des musées français est critique depuis quelques années, les fonds manquent, de gros travaux de rénovation et de restauration sont nécessaires aux quatre coins de notre pays et pourtant, de l’argent va disparaître de leur budget annuel. Parti de Bruxelles pour les vacances de Pâques et de passage à Paris pour quelques jours, je me suis pourtant pris au jeu et ai décidé de visiter le Musée d’Orsay, où je n’avais jamais mis les pieds malgré de nombreux séjours dans la capitale. Le cadre, pourtant bien connu, n’a rien d’extraordinaire hormis la clarté offerte par la verrière de l’ancienne gare. Cependant, ce musée regorge d’œuvres magnifiques, notamment des très célèbres tableaux impressionnistes, parmi lesquels se trouvent des peintures de Gauguin ou de Van Gogh. Une fois ma visite terminée, j’ai récupéré la ligne 12 de l’inoubliable Métropolitain parisien à la station Solférino pour deux stations afin de me rendre au Bon Marché et à la Grande Épicerie, où je n’avais pas mis les pieds depuis près de quatre ans. A vrai dire rien n’a changé : la flopée de bourgeoises prêtes à payer près de 8 euros la barquette de fraises de 500 grammes – certes appétissantes à souhait – est toujours la même. Une chose est sûre : le 7ème ne connaît pas la crise.
Le lendemain, mon objectif était de visiter le Louvre car il me restait peu de souvenirs de ma dernière escapade dans l’un des plus célèbres musées du monde. Après avoir patienté pendant près de 30 minutes sous la célèbre pyramide de verre et d’acier sous un ciel bleu azur, j’ai enfin réussi à décrocher le précieux ticket gratuit qui me donnait accès aux collections extraordinairement riches et nombreuses de ce musée parisien. Je me suis promené entre la Joconde, la Vénus de Milo, la Victoire de Samothrace ou encore la Liberté guidant le peuple, pendant près de 4 heures, sans vraiment voir le temps passer, devant la diversité des œuvres d’art exposées dans ce musée. A la sortie, direction Saint-Germain-des-Prés, et plus particulièrement la rue Bonaparte afin d’apporter une touche de réconfort nécessaire pour cause de pieds bien douloureux suite à la visite des deux plus grands musées parisiens en moins de 24 heures. La boutique Ladurée et de ses célèbres macarons est encore plus petite que celle de la rue Royale, non loin de la place de la Madeleine. Il faut donc s’armer de patience pour pouvoir déguster le précieux Graal de toute escapade mondaine à Paris qui se respecte. Voilà à quoi servent les quelques euros épargnés lors de la visite désormais gratuite des musées nationaux français. Mais déjà s’annonce un programme alléchant pour cet été afin de profiter au maximum de cette gratuité : Beaubourg, le Château de Versailles, l’Arc de Triomphe et le Musée du Quai Branly sont d’ores et déjà sur la liste des lieux incontournables à visiter.