Au pays des mâles blonds

Scandinavie sous la neigeAlors la nouvelle est tombée aussi rapidement qu’un chat chute d’un immeuble de douze étages. Pourquoi douze me diras-tu ? Celles et ceux qui me connaissent bien sauront pourquoi. Je continue. L’être humain qui écrit les quelques lignes de sa vie et les désormais nombreux articles que tu lis régulièrement va abandonner sa petite vie rémoise qu’il menait depuis bientôt vingt ans pour partir dans un pays lointain, froid et rempli de conifères : la Suède. Alors remercions tout d’abord Jérôme Aan de Wiel, mon professeur de civilisation pour m’avoir choisi parmi les nombreux concurrents acharnés. A croire que malgré ma tête et ma voix bizarre (paraît-il), j’arrive et surtout je réussis à me vendre. Suis-je passé sous le bureau ? Pour cette question, je te laisse à tes cogitations personnelles afin d’y répondre par toi-même. Toujours est-il que les choses s’accélèrent : constitution d’un programme d’études, brochure d’informations sur la faculté d’Örebro que je dois recevoir incessamment sous peu et enfin lettre d’admission au programme Erasmus. Je vais passer d’une université qui a pour devise « L’excellence accessible à tous » à une université « Knowing is a delight » ; à première vue, les Suédois ont déjà donc nettement moins les chevilles qui enflent.

Drapeau suédois
Sinon j’ai été déçu par l’accueil plus ou moins glacial de certains de mes proches à la bonne nouvelle. La question serait plutôt : ont-ils vraiment compris de quoi leur parlais-je quand je leur ai passé des coups de téléphone mercredi après-midi ? Que certaines personnes soient tristes de me quitter pour 10 mois, je le comprends tout à fait mais de là à devenir complètement hermétique à ma vie. Alors tu te demandes pourquoi ai-je donc choisi de quitter la France pour une période assez longue. Sache juste que plusieurs motifs ont motivé ma décision. D’abord, il y a incontestablement une envie de quitter cette faculté de Reims où je me sens mal à l’aise le plus vite possible. Ensuite Reims tout court commence à m’ennuyer fermement, c’est une ville sympathique mais qui n’est malheureusement pas à ma « taille » : je veux de la grandeur, du monde, des magasins, un métro bondé et tout ce qui caractérise une grande ville. Et puis au fond, une envie de voir un petit peu le monde qui m’entoure : après la Grande-Bretagne, l’Espagne, les Caraïbes, les États-Unis, désormais la Suède. Au fond, quand on dit « pays nordiques », on pense tout de suite à la forêt, aux bûcherons au milieu de nulle part à couper du bois, à la neige, au jour qui ne dure que 6 heures en hiver, mais après tout ce ne sont que des bons vieux clichés qui tomberont rapidement, je l’espère. Juste quelques petits regrets comme ne pas pouvoir assister à la naissance de mon futur neveu ou de ma future nièce mi-décembre et aussi ne pas être présent à certaines grandes occasions comme les anniversaires des personnes proches.

Château d'Örebro
Adieu donc grisaille rémoise, bulles de champagne, pavés qui glissent place Drouet d’Erlon, amis de toujours. Bonjour pays du grand air, du saumon et des harengs fumés, de la neige, d’ABBA (tu sais le groupe kitschissiment kitschissime qui dansait avec des superbes pantalons pailletés argentés sur des chorégraphies pas vraiment élaborées) de la vodka, du sauna et de toutes les futures connaissances composées de jolis suédois blonds. Il paraît que tous les hommes sont blonds là-bas. Je me chargerai de vérifier tout ça si j’en ai l’occasion, ne t’en fais pas. Mais ne t’inquiète pas pour autant même si je pars loin, je n’oublierai pas les gens que j’aime et qui me manqueront très certainement tôt ou tard. Rien ni personne ne me fera oublier celles et ceux que j’aime, et je te reviendrai en pleine forme même si j’ai l’envie de partir très rapidement poursuivre mes études à Paris. Il n’y a pas de barreaux à la fenêtre de ma chambre, pas de chaînes à mes pieds et personne n’a encore pris la peine de glisser de l’or ou de l’argent autour de mon annulaire, alors autant partir à l’étranger tant qu’il m’en est possible et mettre cette « attente » à contribution. Pour finir, je t’informe que j’accepterai tous les colis contenant champagne, cadeaux, bonbons, nourriture de survie, CD, DVD, photos, couvertures et autres, pour me soutenir moralement et physiquement à affronter la rigueur du climat suédois. Sur ce, à très bientôt pour te narrer le récit de mes aventures suédoises.

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