This, folk, is Versailles

Marie-Antoinette - Sofia Coppola
L’année 2006 sera Marie-Antoinette… ou ne sera pas ! Tout d’abord citons le film de Sofia Coppola qui sera projeté dès demain sur tous les écrans de France et de Navarre et en exclusivité mondiale s’il vous plaît, festival de Cannes oblige ! Marie-Antoinette Josèphe Jeanne de Habsbourg-Lorraine, c’est l’histoire d’une femme – ou plutôt d’une jeune adolescente – arrachée à son pays pour sceller un traité de paix franco-autrichien. En 1770, cette demoiselle doit quitter le palais de Schönbrunn, abandonner sa famille et sa langue maternelle pour se rendre en France afin d’y épouser le futur roi : Louis XVI. Marie-Antoinette c’est aussi du glamour avant le strass et les paillettes d’Hollywood, une histoire à la Diana Spencer avant l’heure. Cette jeune enfant, déracinée avant même d’avoir pu se rendre compte qu’elle ne reverrait jamais sa terre natale, se retrouve couronnée du titre de Reine de France. Le conte de fées commence.

Marie Antoinette à la rose
En arrivant en France, des milliers de parisiens l’adulent comme la Madonna des temps modernes. Le peuple crie à sa gloire et voit en elle une magnifique Reine qui aurait pu être l’égérie d’une marque de cosmétiques de l’époque. Le temps passant et les pamphlets aidant, Marie-Antoinette tombe en disgrâce dans le cœur des Français. Bouc émissaire toute désignée d’une monarchie sur la pente raide pendant la Révolution, on l’accuse des pires maux. La mal-aimée du peuple français passe pour la fashion victim qui a dépensé sans compter pendant tant d’années. Marie-Antoinette a pourtant été prise au piège de la cour de Versailles, lieu de tous les excès et de la foule. L’étiquette l’étouffe. Les danses sont plus compliquées qu’à Vienne. Son mari le Roi la délaisse, préférant la chasse, la serrurerie et la géographie aux affaires conjugales. Le Roi s’instruit et la Reine s’éclate dans ses fêtes pour tenter d’oublier le monde ennuyant dans lequel elle vit. Les calomnies fusent et l’on prétend même que la Reine aime à s’adonner passionnément au jeu et aux orgies avec ses amants à Trianon. Pourtant, elle ne fait que fuir ce protocole si contraignant. Et pendant ce temps, le peuple a faim, il crie et gronde, mais on ne l’entend pas ! La gloire, puis la haine. En moins d’une vingtaine d’années, Marie-Antoinette perd sa place dans le cœur du peuple de France. La Reine des cœurs devient Madame Déficit. Et puis arrive le scandale en 1785, la goutte qui fait déborder le vase : l’Affaire du collier, sorte de Watergate personnel pour cette Reine que l’Histoire elle-même semble haïr.

Marie-Antoinette en costume de sacre
Mais cette femme de caractère a su utiliser une force intérieure et un courage inouïs pour une Reine de France afin d’affronter un évènement de taille : la Révolution française. Cette Reine, c’est la douleur d’une mère qui voit son premier fils mourir au début du mois de juin 1789. C’est aussi la bravoure pour affronter l’hostilité d’un peuple qui lui présente une corde et lui promet un réverbère pour la pendre quand elle est ramenée de force à Paris, aux Tuileries, avec sa famille. C’est le sang froid dont elle fait preuve quand on l’accuse de vouloir vendre la « patrie française » à l’Autriche. Mais aussi la vaillance lorsque son mari est guillotiné sur l’actuelle place de la Concorde le 21 janvier 1793. Et enfin l’héroïsme lorsque l’heure de se défendre devant un tribunal arrive. La Reine se défend brillamment. Peine perdue, l’accusateur public, Fouquier-Tinville, charge Marie-Antoinette du délit d’adultère sur le Dauphin. La mauvaise Reine passe pour celle qui initie son fils à la masturbation et l’entraîne dans des jeux sexuels. La Reine déconcertée par le coup bas qu’on lui porte en appelle à toutes les mères. Mais tout est déjà fini. La Reine qui fut aimée par le peuple, est jugée coupable de haute-trahison le 16 octobre 1793. A midi et quart, le couperet tombe. Destin tragique pour cette femme à qui l’avenir avait souri avant de la faire sombrer dans la déchéance. Le comble étant qu’on ne la blâma pas pour ses dépenses mais bel et bien pour avoir entretenu une correspondance avec des nations étrangères visant à comploter contre la patrie. Alors au fond, Marie-Antoinette, as-tu bien mérité ton surnom de mal-aimée des Français ? Pas vraiment. Alors redonnons-lui aujourd’hui la place qu’elle mérite dans notre Histoire. La place d’une femme hors-du-commun qui a affronté les évènements sans jamais baisser la tête et endurer les chocs les uns après les autres jusqu’au coup(eret) fatal.

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