Une empreinte dans mon cœur

Il y a quelques jours, j’ai pu fêter mon anniversaire en compagnie d’un grand groupe d’amis issus d’horizons très divers. J’aimerais adresser un message à chacun d’entre eux mais me contenterais de ce billet d’humeur. Une sorte d’hommage pour toi qui liras peut-être ces lignes un jour. Parce que tu as partagé avec moi des moments en or et que nous refaisons le monde dans les instants plus difficiles. A l’image de cette vie qui s’écoule paisiblement chaque jour. Nous avons vécu les années lycée, les amphithéâtres de l’université en France, en Suède, en Floride ou en Belgique. Nous avons foulé la terre battue ou la résine des terrains de tennis ou de badminton ensemble. Nous avons pu vivre des souvenirs inoubliables, à Paris, à Séoul, à Marrakech, à Athènes, à Moscou ou encore en Toscane. Trente années déjà et encore tant d’autres pour cette passion qui m’accompagne. 2017 sera probablement l’année de nouvelles découvertes telles que Milan ou Berlin, mais aussi de grands voyages, avec en tête l’Iran, l’Inde ou encore l’Afrique. Voyager encore et toujours. L’un des seuls aspects de la dernière décennie qui s’est écoulée dont je suis véritablement fier. S’ouvrir à ce monde si beau qui nous tend les bras, parfois juste en bas de notre rue. C’est ouvrir ses frêles ailes et s’envoler mais revenir toujours vers toi, vers vous tous. Savoir qu’il y a toujours à apprendre sur soi-même et sur les autres. Pour être plus humble, plus tolérant et continuer à regarder la vie avec des yeux d’enfant, même du haut de mes 30 ans. Ta générosité, ta compréhension, ton sourire ou encore ta présence à cette soirée du 14 janvier ont été un témoignage d’un sentiment des plus purs que l’humanité peut éprouver avec l’amour : il s’agit de l’amitié. Je choisis de la combiner au quotidien avec une soif insatiable de restaurants, de livres, d’expositions, de théâtres, de récitals, de cinémas et de festivals.

Au final, je peux avoir l’air détaché, d’un tempérament calme, à la limite de la rêverie ou de la mélancolie. Bien qu’indépendant et solitaire, je sais ce que tu m’apportes, même si tu n’as probablement jamais réussi à percer complètement ma carapace. Par ta singularité. Par ton unicité. Je te remercie d’avoir été là au cours de toutes ces années, que nos chemins se soient parfois éloignés géographiquement, d’avoir peut-être disparu pour mieux réapparaître et d’avoir contribué à cette sensibilité à fleur de peau et cette attention aux détails que tu connais forcément de moi. La fin de l’année 2016 ne s’est pas véritablement achevée comme je l’avais prévue initialement. Il faut bien te l’avouer, je n’avais jamais eu aussi peu le cœur à la fête de Noël depuis des années. Je n’ai pas vu le mois de décembre filer, trop peiné dans ma tête et dans mon corps par les récents événements de ma vie sentimentale. Je me suis effacé durant quelques semaines même si je ne me suis pas arrêté de vivre pour autant. Sans véritable but, j’erre dans Paris où énormément de lieux et d’endroits me rappellent à lui. Qui plus est, j’ai toujours eu beaucoup de mal à accepter de dormir avec quelqu’un dans mon lit ; preuve en est que seuls 3 garçons ont partagé mes bras pour la nuit depuis bientôt 4 ans que j’habite ici. Il fut le seul à en passer plusieurs. Ce lit désormais bien trop vide est synonyme de nuits tristes. Néanmoins, j’ai repris bien malgré moi le cours d’une vie de célibataire endurci, avec quelques kilos en moins et le cœur lourd. Ces quelques mois passés en compagnie d’un garçon que je ne pensais jamais trouver ne me font pas oublier les longues années passées dans la solitude auparavant et les mois compliqués que je vivais sur le front de l’emploi. Le silence de ce garçon est devenu pesant. Sans doute m’a-t-il déjà oublié et est-il sûrement plus heureux dans les bras d’un ou de plusieurs autres. Bien que ces idées m’obsèdent et m’attristent, j’ai finalement réussi à trouver la force impensable de réussir plusieurs entretiens de motivation et de décrocher mon premier CDI, tout juste avant mon 30ème anniversaire. Localisation intra-muros, fiche de poste, salaire plus que confortable : tous les critères sont réunis. Croyant en ma bonne étoile, je m’étais fixé cet objectif et étais persuadé que les efforts déployés dans ce domaine allaient finir par payer. Que j’allais pouvoir célébrer cette bonne nouvelle avec le garçon avec qui je partageais des instants d’or. C’est ainsi que je n’arrive toujours pas à me réjouir et éprouve – à juste titre – un sentiment de culpabilité de ne pas apprécier cette bonne nouvelle à sa juste valeur, alors que tant de Français sont au chômage et que des millions d’autres comptent chaque denier dépensé pour éviter de galérer à boucler leurs fins de mois. Je me doute que tu peux penser : « Pauvre petit Parisien bobo, qu’est-ce que tu peux connaître au véritable malheur ?« . Un simple constat s’impose à mes yeux : c’est à croire qu’il est impossible de réussir sur tous les fronts dans sa propre vie.

Loin d’être la solution, j’ai désormais choisi d’éviter tout contact amoureux ou sexuel depuis presque deux mois. Par peur d’être déçu, largué une nouvelle fois, irrémédiablement blessé et de me sentir abandonné une fois de plus, une fois de trop. J’ai toujours eu énormément de mal à m’ouvrir pleinement à autrui. Mes récents déboires me confortent dans mon idée de ne plus le faire. Parce que j’ai beaucoup donné ou pas assez finalement. Et surtout parce que je ne surmonte pas cet échec qui a mis à mal une hypersensibilité qui m’épuise déjà à petit feu depuis des années. Aujourd’hui, je me concentre sur la validation de ma période d’essai, sur ma dizaine d’heures de pratique hebdomadaire de badminton. J’y ajoute de nombreuses sorties au théâtre, à l’Opéra Bastille et Garnier, à la Philharmonie de Paris, dans des restaurants tendance ou à quelques soirées électro de la capitale. Je me suis replongé encore plus qu’à l’accoutumée dans la lecture. Le printemps prochain annonce une nouvelle saison de Roland Garros. Cet été, je me languis déjà d’assister au concert, qui s’annonce mémorable, de Coldplay au Stade de France. J’ai bien essayé d’installer de nouveau certaines applications de rencontres. Je n’y ai trouvé aucune utilité et les ai quittées rapidement. Lassé de cette virtualité et cette futilité que je côtoie déjà à longueur de journée. Indifférent face à la flopée de torses nus, de verges et de paires de fesses que la grande majorité des inconnus t’envoie sans scrupule. Qu’y a-t-il à espérer quand on a connu de si beaux moments à deux et que l’on a tout perdu ? Je crois que je préfère simplement rester seul. Rien ne sert de perdre dans l’excès de chair comme j’avais pu le faire en 2010. Je n’en étais ressorti que bien plus malheureux. Au cours de ces dernières semaines, j’ai simplement passé de nombreuses soirées en compagnie d’amis formidables – autour d’un verre ou d’un dîner – ce sont ces amis comme toi qui se sont révélés encore plus importants que je ne le pensais récemment. Te rendre hommage et te remercier n’est qu’un juste retour des choses. Pour le bonheur que tu m’apportes. Pour celui à venir. Pour l’empreinte que tu laisses dans mon cœur. Merci.

1 réflexion sur « Une empreinte dans mon cœur »

  1. Tres bel ecrit, je vie un peut la même chose que toi en ce moment. Mais la vie est ainsi faite et pour une fois, je ne suis pas d’accord avec tout ce que tu dis 😉 tu feras face, comme tu l as toujours fais !

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