Tu ne te marieras point

Signes religieuxIl y a encore peu de temps, la laïcité était brandie dans tout conflit et plus particulièrement dans ceux opposant religion et État français. En effet, depuis 1905 l’Église et l’État français sont deux institutions séparées par la loi, où chacune ne peut – en théorie – ni contrôler, ni influencer l’autre. Encore récemment, l’État français a dû faire preuve de fermeté pour réussir à voter une loi interdisant le port de signes religieux dans tout établissement scolaire français et plus largement au sein de toute institution publique. Certains et certaines se sont alors élevés contre ce projet de loi « discriminatoire » qui selon eux briguaient leur liberté de religion et plus largement, leur liberté d’expression. Problème étant que la liberté reste justement quelque chose qui s’arrête à celle d’autrui. Mais la principale caractéristique que présentent beaucoup de Français est leur capacité à râler et à se plaindre à chaque fois qu’une nouvelle loi quelque peu restrictive, pour quelle que population que ce soit, est sur le point d’être appliquée. On s’en prend au conseil municipal qui décide de supprimer des places de stationnement pour rendre une dimension humaine au centre-ville, on s’insurge contre l’État qui installe des radars automatiques sur le bord des routes pour mieux contrôler la vitesse et ainsi diminuer le nombre d’accidents sur les routes, et par-dessus on ne comprend pas pourquoi cet État français si puissant, ne laisse pas un peu tranquille ses citoyens, saperlipopette.

La Cène selon Benetton
Cet État que rien ne semble arrêter, est pourtant curieusement influencé lorsque des évêques, des imams, des rabbins ou des pasteurs, viennent à se plaindre d’une critique ou d’une attaque envers leur religion. Des caricatures de Mahomet provoquent un scandale alors que le Pape avait eu le privilège d’avoir un représentant peu glorifiant dans une émission satirique de la chaîne cryptée française, sans que cela n’émeuve grand monde. Des évêques arrivent à faire interdire la publication d’une publicité reprenant la thème de la Cène pour une grande marque de vêtements. L’État français n’est-il pas uniquement laïc quand la chose l’arrange ? Qu’importe. Plus récemment, en lisant l’un des plus grands journaux quotidiens français, on pouvait y trouver que des représentants de toute religion confondue venaient de publier un rapport insistant sur la menace que représente le mariage homosexuel sur la société. Interviewé, l’un d’entre eux affirmait la nécessite de faire parvenir ce message aux électeurs avant l’élection présidentielle, afin de s’immiscer dans le débat actuel lié au choix de notre futur(e) président(e). Ce que peu de gens arrivent à comprendre dans cette question de législation sur le mariage ouvert à deux individus du même sexe est qu’il s’agit d’offrir un droit, et que, en aucun cas, tous les homosexuel(le)s de France ne vont se ruer dans les mairies afin de s’unir. Puisqu’on parle de liberté justement, chaque individu reste libre de faire ses propres choix. Si un homme et une femme ne veulent pas s’unir, ils en ont le droit. Si un homme et un autre homme, veulent ou ne veulent s’unir, ils ne peuvent pas : ils n’en ont ni la capacité, ni le choix.

La femme française veut voter
Alors pourquoi la religion aurait-elle un rôle à jouer dans les affaires privées de l’État ? Cet État si orgueilleux et pourtant si faible, plie à la moindre occasion de peur de voir défiler des centaines de gens dans les rues de Paris. L’Église peut continuer à refuser le mariage homosexuel contraire à ses dogmes, mais l’État conformément à sa loi et à sa Constitution, prétend pourtant assurer à chaque personne qui naît sur le territoire français qu’elle demeure libre et égale en droit. Lorsque la décision fut prise de donner le droit de votes aux femmes, certains ont pensé que la société allait s’écrouler face à la prétendue incompétence politique féminine à élire de bons représentants. Qu’en est-il aujourd’hui dans les livres d’Histoire ? La France a été l’une des dernières démocraties modernes à accorder ce droit à ses citoyennes en 1945. Voilà ce qu’il reste du passé : la triste vérité. Ce pays des droits, qui prétend être une terre de liberté et d’égalité, conformément à sa devise nationale, a souvent fait preuve de beaucoup plus de conservatisme que de progressisme dans nombre de domaines. N’étant ni un défenseur, ni un détracteur du mariage homosexuel – si c’est ce terme qui « choque » et « fâche » tellement – qu’est-ce qui viendrait s’opposer à l’utilisation du terme union ? En attendant, le débat continue encore et toujours parmi nos chers candidats au poste de président(e) de la République française. Mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’un mariage ou une union n’est pas obligatoire pour prouver son engagement et il est encore moins nécessaire pour prouver son amour à celui ou celle qu’on aime.

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