Bienvenue en terre maya

Site maya de Copán - Honduras

Le truc assez sympa quand tu cherches un travail et que tu es célibataire c’est que tu peux décider de partir loin sans te soucier vraiment de ce qui se passe chez toi en France et te dire que tu vas profiter pleinement. J’ai donc décidé de partir en Amérique centrale, plus précisément au Guatemala et au Honduras, sur les traces des peuples mayas, encore relativement préservés du tourisme de masse. Tout d’abord, le voyage est long. Escale obligatoire à Madrid ou à Atlanta selon les compagnies aériennes. Je dois avouer que l’arrivée à Guatemala Ciudad après presque 24 heures de voyage fait du bien. Avant de partir, j’avais eu le réflexe d’acheter un bon guide de voyage et les informations qui circulent sur le Guatemala sont parfois assez alarmistes, notamment en ce qui concerne la sécurité du pays. Certes, il est fréquent de croiser des hommes armés d’une machette ou d’un fusil à pompe devant tout lieu susceptible d’avoir de l’argent – comprends ici qu’il s’agit des banques, des restaurants, des hôtels qui accueillent des étrangers – mais je n’ai pas été victime de quoique ce soit durant les deux semaines que j’ai passées là-bas. Les règles de bon sens s’appliquent, à savoir de ne pas sortir la journée avec un sac à dos ou un appareil photo trop clinquant et surtout d’éviter de porter montre et bijoux de manière ostentatoire. Le touriste qui ose s’aventurer constate assez rapidement que les rues de la capitale guatémaltèque n’offrent rien de véritablement intéressant : l’immobilier est assez délabré dans les quartiers historiques, la circulation est un véritable enfer et la propreté des rues laisse quand même à désirer. L’occasion de mettre le cap assez rapidement vers la frontière avec le Honduras et de découvrir les ruines de Copán.

 
Stèle maya - Quiriguá

Plus de six heures de routes, parfois complètement défoncées, pour accéder à ce site perdu au milieu de la forêt tropicale humide hondurienne et des champs de tabac. Seule une petite partie de ce qui fut l’une des plus grandes cités mayas a été dégagée, le reste demeure enfoui sous la terre et recouvert par la végétation luxuriante de cette région d’Amérique. Je dois avouer que tout ce temps passé sur la route en valait la peine ; j’ai frémi devant les anciens bâtiments de ces cités qui ont emporté une grande part de leurs secrets avec leur disparition. Je me revoyais adolescent à passer mes journées entières à jouer à Age of Empires aux commandes de la civilisation maya à essayer de lutter désespérément contre la cavalerie des conquistadores espagnols. Le décor était désormais sous mes yeux. Difficile de pas rester insensible devant ces stèles, ces pyramides et ces temples, réalisés avec d’immenses blocs de calcaire sans avoir connaissance d’un élément pourtant fondamental dans la construction en Occident à la même époque : la roue. Une visite d’environ 3 heures est nécessaire pour profiter pleinement du site et admirer la richesse de la faune et de la flore. Sur la route du retour, j’ai décidé de passer par une autre ville maya, cette fois perdue au milieu des bananeraies : Quiriguá. La plupart des stèles de ce site ont été admirablement préservées dans le sol et m’ont permis d’apprécier la finesse et le travail colossal de sculpture effectués sur chacune d’elles, dont certaines atteignent plus de 10 mètres de hauteur. Une fois à Quiriguá, je te conseille aussi de te rendre à Puerto Barrios et de prendre un bateau jusqu’à Livingstone afin de remonter le Rio Dulce jusqu’au Castillo San Felipe. Les deux heures de navigation offrent un aperçu unique sur les falaises de forêts tropicales humides encore inexplorées mais aussi sur les mangroves, lagunes et rivières qui abritent des peuples autochtones et leurs maisons sur pilotis. L’occasion se constater les dommages irrémédiables que constituent le changement climatique, l’augmentation des températures et l’élévation du niveau des mers sur les populations les plus fragiles.

 
Eglise de San Andres Xecul - Guatemala

Le point d’orgue de ce voyage m’a amené à la référence maya du Guatemala : Tikal. Difficile d’imaginer l’étendue du site en arrivant dans cette biosphère extrêmement protégée. Lorsque le Temple IV m’est apparu, je dois avouer que jamais je n’aurais imaginé une telle structure, aussi haute que les tours d’une cathédrale européenne. Mention spéciale aux escaliers glissants et saillants avec un degré d’inclinaison vertigineux. L’imagination du visiteur arrive facilement à imaginer les conséquences des chutes, forcément fatales, dont ils ont été témoins. La Plaza Mayor offre également un panorama inouï sur la richesse architecturale de cette civilisation. La suite de mon voyage a été tout aussi riche en paysages, notamment le fabuleux Lago Atitlán et les villages qui le bordent, mais aussi en couleurs. Par ailleurs, de nombreuses initiatives de développement local sont mises en place par les habitants grâce à l’aide financière apportée par le tourisme, notamment par le travail des femmes, la mise en place d’une éducation bilingue pour les enfants et l’installation progressive de panneaux solaires. Si tu as l’occasion de te rendre au Guatemala, n’oublie pas non plus de constater l’effervescence des marchés de Chichicastenango, de Sololá et de Zunil qui débordent de saveurs et de produits locaux. Pour finir, je tiens à souligner l’énorme chaleur et la générosité débordante des personnes que j’ai pu rencontrer. Éloignés du matérialisme et de l’abondance que nous connaissons en Europe, ces hommes, ces femmes et ces enfants m’ont accueilli avec un sentiment tout droit venu du cœur : la fraternité. Sans préjugé aucun, sans idée reçue. Partager ces moments uniques autour de plats typiques, basés sur le maïs, la pomme de terre et la banane a été une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier. De retour à Paris, je me dis que cette première fois dans des pays relativement pauvres m’a donné l’envie de partir à la découverte d’autres. Mais également de contribuer financièrement par des dons, même modestement, à la construction d’un monde meilleur.

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