Dépasser l’obscurantisme. Cette affirmation résume en elle-même l’enjeu du débat de société initié il y a quelques mois par le nouveau gouvernement français. S’opposer à la superstition et à l’intolérance était sa finalité. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que nous assistons justement à un jour historique et j’en viens à me rappeler mes cours d’Histoire à l’école primaire, au collège et au lycée. Ces longues heures parfois inintéressantes mais qui insistaient sur la « grandeur » de la France. Son Esprit des Lumières. Sa Révolution de 1789, porteuse d’espoirs et d’idéaux, repris par bon nombre d’organisations internationales dans leurs chartes ou leurs règlements. Le peuple français et ses représentants voulaient assurer l’égalité des citoyens, la liberté de chaque Français à vivre pleinement sa vie dans le respect des autres et de la Loi, la fraternité entre habitants et ceux des autres pays. Je garde toujours à l’esprit le chemin qui a été fait par notre Nation sur le long chemin de l’égalité notamment par le décret d’abolition de l’esclavage en 1848, l’ordonnance accordant le droit de vote et d’éligibilité aux femmes en 1944, la réforme des régimes matrimoniaux en 1965, la loi sur la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse en 1975, la loi sur l’abolition de la peine de mort en 1981, la loi de dépénalisation de l’homosexualité en 1982 ou d’autres encore. La question du mariage pour tous a fait couler beaucoup d’encre dans les journaux comme à la télévision et a alimenté nombre de discussions de comptoirs ou de repas familiaux qui ont pu rapidement dégénérer. Mais au fond, qui sommes-nous réellement pour juger, pour interdire, pour mettre des barrières ou même encore pour condamner l’amour que peuvent se porter deux personnes majeures et responsables ? Et puisqu’il faut aborder la question d’un point de vue théologique, le fondement même de nombreuses religions n’est-il pas un message d’amour et de tolérance vis-à-vis de son prochain ?
La France et ses citoyens qui se plaisent à garder à l’esprit cette image de Patrie des Droits de l’Homme et d’idéal progressiste ont franchi un grand pas dans l’égalité devant la loi. La France que l’on nous conte dans les livres d’Histoire n’est pas celle de certains, dont les propos ont parfois dépassé la pensée. Je pense à tous ses enfants présents dans les manifestations, qui se découvriront peut-être un jour homosexuels. Que leur dira-t-on alors ? Chaque parent, tel qu’il soit, n’a-t-il pas pour satisfaction et bonheur de voir ses enfants heureux ? Regarde le sourire face à un jeune garçon faisant ses premiers pas. Admire la fierté parentale face à l’obtention d’un diplôme universitaire ou d’une médaille sportive. Contemple l’émotion et l’embarras face aux larmes d’une fille connaissant son premier chagrin d’amour. Observe finalement l’extrême bien-être face à la signature d’un premier contrat de travail et face à l’annonce d’un mariage ou d’une naissance à venir. Ceci est évidemment la description d’un idéal. Chaque famille ne réagit pas forcément de manière identique à l’homosexualité d’un enfant. Néanmoins, aujourd’hui, la Nation et l’État ont choisi de montrer le chemin d’une reconnaissance forte de la société face aussi à certains citoyens démunis, rejetés, confrontés à eux-mêmes face à une orientation sexuelle qu’ils n’ont pas choisie. Chaque enfant de France a sa place dans la société, indépendamment de ses origines, de son âge, de ses qualités, de ses défauts, de ses forces, de ses faiblesses, de son orientation sexuelle. Dans cette société qui place bien trop souvent au centre de ses réflexions, l’individualisme, la surconsommation et l’égocentrisme, il est plaisant de voir qu’enfin, des hommes et des femmes ne se sont pas laissés abattre devant les menaces et les difficultés. Et ce, afin d’assurer l’égalité de tous devant la Loi.
Cette égalité représente un rêve inaccessible devenu finalement une possibilité. Chaque citoyen peut effectivement aujourd’hui ouvrir un peu plus l’éventail des choix qui s’offre à lui, qu’il s’agisse du concubinage, du PACS ou du mariage. Le choix de vivre. Le choix de trouver l’élu(e) de son cœur. Le choix d’aimer. Le choix d’épouser. La possibilité de fonder une famille et d’élever des enfants. La reconnaissance et la protection juridique de l’Etat face aux éventuels aléas de la vie. Ce rêve d’amour a été exprimé plus en détails dans un écrit daté du 30 juin 2012. Il n’est certes pas toujours évident de garder espoir en lui pour qu’il devienne réalité un jour, idéalement dans les semaines ou les mois à venir. Le bonheur est déjà présent dans la vie quotidienne mais il manque la cerise qui trônerait sur le gâteau, la crème anglaise qui complèterait le fondant au chocolat, l’épaule et non plus la taie d’oreiller contre laquelle se blottir pour s’endormir. Alors garde toujours à l’idée de ne jamais trop baisser les bras, de te battre encore et toujours pour y croire mais surtout de profiter de chaque instant avec tes amis et ta famille. Car au-delà de l’idée même de mariage, c’est bel et bien un idéal d’amour et de tolérance qui a réussi à triompher face aux messages de haine et d’injures. Un signal universel pour promouvoir la liberté et l’égalité, tel que celui envoyé en Europe et dans le monde lors de la Révolution française de 1789 ou dans une moindre mesure lors du mois de mai 1968. Espérons qu’aujourd’hui se retrouve rapidement dans les livres d’Histoire des futures générations et que cette date du 23 avril 2013 soit fièrement brandie comme le symbole fort des valeurs qui unissent le peuple français.