Il paraît que le sexe fait vendre. Ne soyons pas si vague, affirmons-le : c’est une certitude. Mais là où nos bonnes mentalités acceptent volontiers que notre esprit – voire autre chose – soit gentiment stimulé par des publicités tendancieuses, des propos un peu osés, voire des films pornographiques, il ne faut faire qu’un pas pour que certaines limites soi-disant morales viennent mettre un frein à la libéralisation des mœurs. Fraîchement arrivé en Suède au mois d’août, en train de zapper entre deux chaînes, je me suis retrouvé nez-à-nez avec un documentaire sur les relations sadomasochistes en plein dîner à une heure de grande écoute. J’entends déjà certains ragots qui murmurent « Mais voyons on sait que t’aimes te faire dominer espèce de salope« . Bon d’accord, je n’ai pas eu le réflexe de changer de chaîne – on va dire que la télécommande avait dû soudainement disparaître. Bien loin de moi l’idée de condamner ce genre de programmes où le ludique peut se mêler à l’éducatif, mais dans le cas présent, je dois bien avouer que ce sujet traité au tout début de la soirée m’a fait quelque peu avalé mon repas de travers. Aucune censure dans les paroles, ni dans les images, si bien que je dois presque avouer que j’ai été choqué par tant de liberté d’expression. Mais que fait le gouvernement suédois ? Apparemment pas grand chose contre la vision de sexes en érection, de toisons pubiennes, de pénétrations en folie, de langage cru – j’en passe et des meilleurs. A vrai dire le documentaire allait grandissant – oui j’ai bien dit le documentaire – pour finir sur un majestueux bouquet final où un couple d’hommes tout habillé de cuir finissait le reportage par une scène – allez n’ayons pas peur des mots – d’éjaculation faciale.
Faut-il pour autant aller aussi loin pour frôler les sommets de l’audimat ? Force est de constater que la télévision suédoise aime à sombrer dans le trash, le limite pornographique ou même carrément le pornographique complet comme démontré en quelques lignes précédemment. Plus récemment, la même chaîne nous a offert la diffusion d’un reportage sur la pratique du nudisme. Disons que voir cachalots et baleines échoués sur les plages de Suède – tiens d’ailleurs je me demande où sont les plages suédoises – complètement nus de 20 à 80 ans au beau milieu d’un repas fait avaler difficilement une assiette de pâtes qui reste finalement quelque peu en travers de la gorge. Je me demande comment les Suédois ont pris la polémique américaine lors de l’exhibition « inopinée » du téton de Janet Jackson. C’est aussi sans compter sur Paris Hilton, toujours à se promener avec des jupes pour le moins très courtes – pour ne pas dire à ras-la-touffe – et le fait que l’Amérique puritaine ne semble pas s’en offusquer. A vrai dire je pense que tout ce que Mademoiselle Hilton touche, les Mormons s’empressent de le bannir. Mais là où la France est quelques fois sur la voie de suivre la Suède, elle reste un pays extrêmement conservateur, dominé par ses idées rétrogrades où chacun d’entre nous devrait (feindre de) préserver ses pulsions pour mieux donner l’apparence d’une société composée de saintes-nitouches.
Si l’on cherche néanmoins à mieux comprendre une attitude que l’on pourrait qualifier de laxiste sous nos contrées franco-françaises, le gouvernement suédois semble tout simplement vouloir montrer ce qui « existe ». Et par la même occasion appeler à la tolérance face aux comportements de chacun. Car si l’on y regarde de plus près, ces documentaires insistent sur un point important à mes yeux : certains ont des voies variées pour arriver à des plaisirs différents mais tout ceci se fait dans le respect des autres et avec le consentement du ou de la partenaire. Bon c’est sûr qu’après tout ça, la dernière question est inévitable : est-il vraiment nécessaire de nous faire partager tant de détails, pour ne pas dire gros plans ? On nous impose bien des images d’hommes, de femmes et d’enfants se faisant tuer tous les jours sous les caméras de journalistes du monde entier. Le sexe sera-t-il la nouvelle hémoglobine de demain, prêt à envahir nos écrans, si ce n’est déjà fait ? Une chose est sûre ; après avoir vu tant de seins tombants, de fesses mollassonnes et d’hommes ventrus à la quéquette flasque, l’égo-baromètre est remonté à bloc, ravi d’avoir pu constater qu’il existe bien pire que soi-même Conclusion hautement superficielle je te l’accorde.